Ruedi Thomi
Le circuit du Titlis offre tout ce qui fait une randonnée de haute montagne à ski: des pistes abruptes, un froid mordant, plusieurs descentes en rappel et un panorama à couper le souffle. Voici un retour d’expérience et un rapport détaillé de la randonnée.
Engelberg dort encore à poings fermés tandis que nous arrivons à la station inférieure du téléphérique du Titlis. Nous sommes déjà en avril, la saison touche à sa fin. Cela nous va très bien: les fondus/-es de neige ont déserté. Nous sommes autorisés à prendre la première télécabine de 7 heures normalement réservée aux collaborateurs/-trices. Ce départ en tête nous plaît. Dans la cabine direction le Klein Titlis, une agréable tension est palpable: va-t-il y avoir suffisamment de neige? Quel est le programme?
Peu après le lever du soleil, nous atteignons la station supérieure (3030 m d’altitude) où nous sommes accueillis par un panorama magique et un ciel bleu – les marches jusqu’à la sortie et le manque d’oxygène commencent déjà à avoir un impact sur le cardio. Avant la première descente du jour, Bruno, notre guide de montagne, vérifie avec nous nos DVA. On enfile nos harnais d’escalade et nos casques. Et c’est parti! C’est à pas enjoués que nous descendons le glacier du Titlis, ombragé et dur comme de la roche – le sol crépite sous nos skis. En passant par un flanc abrupt à notre gauche, nous arrivons rapidement au début de la crête, nous continuons en direction du col du Titlis. Ici, il convient de faire preuve de concentration, toute glissade pourrait s’avérer fatale.
Sur la crête, nous sommes accueillis par un vent glacial. C’est une bonne chose pour nous: la neige reste ainsi bien compacte malgré le grand soleil. Nous nous encordons, attachons nos skis et mettons une chaussure de ski devant l’autre en restant vigilants. La crête est désormais extrêmement étroite – de part et d’autre, le vide. Si l’un entre nous venait à tomber, l’autre devrait amortir sa chute avec son poids du côté opposé. Mais nous surmontons avec brio ce passage technique. Place maintenant à la descente en rappel. Sommes-nous encore dans les temps?
Après un hiver rude, la zone et le couloir en dessous, qui mène au glacier de Wenden, sont bien enneigés et recouverts de corniches compactes. Voilà d’excellentes conditions pour nous! Bruno, notre guide de montagne, et Sebi, aspirant guide, ne perdent pas leur motivation face au véritable défi qui nous attend 600 mètres en dessous de nos pieds: des moraines abruptes à l’intérieur d’une cuvette exposée sud et à l’abri du vent sur le chemin du bivouac. Le risque d’avalanche de neige mouillée croît de minute en minute avec ces températures.
À gauche, des parois rocheuses, en haut, d’imposantes corniches, à droite, des stalactites qui brillent au soleil – tous les ingrédients sont réunis pour passer des moments inoubliables! Sur notre chemin, nous trouvons deux relais, bien que le premier nécessite d’être d’abord dégagé par nos soins. À chaque mètre de descente, les températures grimpent et la neige devient plus humide. La descente et la traversée du cône d’avalanche se font déjà sur de la neige gros sel de printemps.
Nous attaquons la montée sans couche de vêtements chauds. En effet, le soleil suffit à chasser le froid de nos membres. Même si nous nous hâtons prudemment afin de ne pas nous retrouver dans une situation délicate en raison de la neige mouillée, nous faisons une courte pause pour nous hydrater et regardons derrière nous avec émerveillement.
Après quelques mètres d’altitude et virages en épingle qui ne manquent pas de nous faire transpirer, nous arrivons enfin au niveau du glacier de Wenden. Comme en transe, nous marchons sur la glace éternelle. L’étendue semble infinie, le panorama aussi!
Nous apercevons au loin notre objectif du jour, le bivouac du Grassen. Nous ne tardons pas à gravir les derniers mètres qui nous séparent de cette cabane dressée sur le Tierberg… ce répit est plus que bienvenu. Des vues magnifiques, de la neige, de l’espace et du confort, voilà ce que le lieu a à offrir en abondance – et il y a même une petite cave à vin. Après un petit en-cas de midi bien mérité suivi d’une sieste, nous cuisinons tous ensemble un copieux souper et finissons la soirée avec les derniers rayons du soleil à l’horizon et des moments pleins de convivialité.
Quatre heures moins le quart – le réveil sonne. Nous préparons rapidement nos sacs à dos, avalonsune infusion accompagnée d’une barre énergétique en guise de petit-déjeuner et nous voilà partis à la lumière de nos lampes frontales, équipés de couteaux à neige, en direction du sommet.
Après une brève ascension: les corniches du sommet nous attendent. Bruno prend la tête étant donné qu’à notre gauche, il y a la crête et à notre droite, la pente abrupte du glacier. Nous réduisons la lumière de notre lampe frontale au minimum et atteignons le sommet pile au moment où le soleil se lève: le temps semble figé.
Quel moment merveilleux! Le soleil levant baigne toute la chaîne de montagnes d’une lumière magique. Ce sont précisément ces moments-là qui nous feront vibrer pendant des semaines. Mais nos estomacs commencent à gargouiller, il est temps de redescendre.
La première descente nous amène au bivouac. Nous nous accordons un copieux petit-déjeuner.
Puis nous entamons la descente vers la vallée d’Engelberg: dure et froide en haut, douce et chaude en bas, à 2000 mètres d’altitude, sur les coups des 8 heures et demie du matin, la neige est déjà molle et humide – et nous prenons de la vitesse malgré les virages difficiles.
Quel moment merveilleux! Le soleil levant baigne toute la chaîne de montagnes d’une lumière magique. Ce sont précisément ces moments-là qui nous feront vibrer pendant des semaines. Mais nos estomacs commencent à gargouiller, il est temps de redescendre.
Pour les derniers mètres, nous devons déchausser nos skis et continuer à pied dans la vallée. À gauche, un cône d’avalanche rappelle l’hiver riche en neige, à droite, un champ alpin verdoyant: la rencontre de l’hiver et du printemps. Ça, c’était de la rando!
Départ/arrivée: Engelberg
Durée: 7 h Altitude: 610 m 2560 m
Difficulté: moyenne
Aller/retour: Avec le train ou le bus jusqu’à la gare d’Engelberg, puis avec le téléphérique du Titlis jusqu’au Klein Titlis.
Type d’expérience: Descente sur glacier, escalade de l’arête de la crête, descente en rappel de 50 mètres le long d’un couloir étroit, deuxième descente à ski suivie de deux autres descentes en rappel, montée vers le bivouac du Grassen, descente vers Engelberg. En option: ascension du Grassen
Remarque: Kit de sécurité avalanche (sonde, DVA, pelle) et équipement de randonnée de haute montagne obligatoires.
Cartes: 1:50 000 feuille 255 Sustenpass, 1:25’000 feuille 1211 Meiental.
Des cours spécifiques à la sécurité avalanche ou de ski de fond avec un professionnel de Höhenfieber te permettent de bien te préparer pour ta prochaine randonnée.
(Avec la TransaCard toujours gratuit)