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Vanlife: sur les routes depuis plus de trois ans

Ein Van am Ufer eines Sees, eine grosse Ebene, in der Ferne Berge, zwei Personen in Campingstühlen.
Moritz
Rédacteur, 4-Seasons
© Photos

Martina Zürcher et Dylan Wickrama vivent depuis plus de trois ans dans leur minibus. Ils expliquent ici leur fascination pour une vie minimaliste et révèlent des détails sur leur quotidien sur quatre roues.

Comment vous est venue l’idée de vivre dans un minibus?
Martina: C’était une décision assez spontanée. En 2015, nous sommes devenus indépendants en publiant notre premier livre et grâce aux conférences de Dylan. Nous nous déplacions donc assez souvent. À l’époque, nous rêvions d’avoir une tiny house, une toute petite maison, quelque part dans la nature. Mais ce n’était pas si simple à réaliser. Un jour, nous avons trouvé l’inspiration: avec notre minibus VW, nous avions déjà notre tiny house. Et elle pouvait même être déplacée, ce qui nous convenait encore mieux. Nous avons donc résilié notre contrat de location le jour même…

Comment vous êtes-vous rencontrés?
Dylan: C’était en Inde en 2011. J’étais parti pour un tour du monde de trois ans et demi avec ma moto. Nous nous sommes croisés à Hampi, devant un temple.

Martina: Au début, je ne voulais même pas lui parler, parce qu’en Inde, quand on voyage seule, on se fait aborder par des hommes des dizaines de fois par jour. Nous avons tout de même engagé la conversation et je suis directement tombée amoureuse de lui. J’ai tout de suite compris que je voulais passer le reste de ma vie avec cet homme. Mais à l’époque, Dylan ne voulait pas du tout d’une relation, parce qu’il devait d’abord se trouver lui-même pendant son voyage.

Et par la suite?
Dylan: J’ai poursuivi mon voyage. Martina est retournée en Suisse. J’ai voyagé vers l’Amérique du Nord en passant par l’Asie du Sud-Est et l’Australie. Mon objectif était de me rendre en Argentine. Pendant toute cette période, nous sommes restés en contact et Martina m’a rendu visite au Cambodge, en Australie, aux États-Unis et aussi au Costa Rica.

  • Campvervan in der Mongolei, daneben steht eine Frau, sie spricht mit zwei Nomaden.

    Rencontre avec les Nomades de Mongolie.

    Photo © Dylan Wickrama
  • Ein Campervan und die gesamte Ausrüstung von oben.

    L’avantage du minimum: tout ce que nous possédons rentre dans le minibus VW.

    Photo © Dylan Wickrama
  • Ein VW-Bus umringt von einer Schafherde in einer kargen Landschaft.

    En route vers l’Asie centrale.

    Photo © Dylan Wickrama

Ensuite, le contact est devenu plus difficile par moments. Pourquoi?
Martina: Entre le Panama et la Colombie, la Panaméricaine est interrompue par une immense zone boisée. L’Amérique centrale et du Sud ne sont pas reliées par la route, ni par bateau. Au Panama, Dylan a donc construit un radeau, avec sa moto et une voile, pour avancer. Il lui a ensuite fallu six semaines pour traverser le Pacifique et atteindre la Colombie. À ce moment, nous avions très peu de contact. Et naturellement, je me suis inquiétée. Dylan n’avait jamais fait de voile, et encore moins en mer. Par chance, ce n’est que bien plus tard que j’ai appris qu’entre-temps, il avait complètement dévié de sa route à cause des courants et qu’il avait failli se retrouver aux Galápagos.

Dylan: Je trouvais que c’était une bonne idée. (Rires) Et malgré tous les problèmes, ce fut l’une des plus belles expériences de toute ma vie. Mais oui, on aurait pu mieux se préparer. Mais je voulais absolument partir avant la saison des pluies. Nous parlons d’ailleurs de ce voyage en radeau dans le film sur lequel nous travaillons actuellement…

Et que s’est-il passé ensuite?
Dylan: En 2013, je suis revenu en Suisse. Nous avons directement emménagé ensemble. En 2016, nous nous sommes mariés.

De quoi vivez-vous aujourd’hui?
Martina: Dylan donne des conférences qui traitent de son tour du monde et fait beaucoup de photographies. Je travaille comme journaliste. De plus, nous avons écrit ensemble un livre sur le voyage de Dylan. Actuellement, nous travaillons sur un deuxième livre et sur le film en question.

À quoi ressemble votre quotidien?
Martina: Nous voyageons beaucoup et passons rarement plusieurs nuits au même endroit. La journée, nous cherchons généralement un endroit où travailler dans le calme. Parfois, c’est un endroit totalement isolé en pleine nature, parfois, mais rarement, nous nous retrouvons dans un parking public. Nous sommes souvent assis derrière notre ordinateur pour travailler. Comme tout le monde, mais nous ne sommes pas confinés dans un bureau.

À combien s’élèvent vos coûts fixes?
Dylan: Nous n’avons pas de budget et nous nous inquiétons très peu pour nos finances. Je ne peux donc pas répondre avec exactitude. Mais comme nous ne payons pas de loyer, cela nous donne une certaine liberté financière. Nous payons par exemple chaque mois nos assurances, une connexion Internet mobile et de l’essence. Nous ne pouvons donc pas nous passer totalement de coûts fixes.

Peut-on camper partout en Suisse?
Dylan: C’est une zone grise. La loi dit qu’on peut passer la nuit pour «retrouver sa capacité de conduire». En d’autres termes, on peut dormir dans sa voiture, mais on n’a pas le droit de monter un énorme campement avec barbecue et auvent. Nous faisons toujours en sorte de ne déranger personne, de nous tenir à l’écart et, bien sûr, de ne pas laisser de déchets. Voici un bon exemple: hier encore, nous nous trouvions à côté d’une prairie où se trouvaient des vaches. Une fois les batteries de notre voiture et de nos ordinateurs portables vides, nous aurions dû allumer notre petit générateur. Mais nous avons préféré ne pas le faire afin de ne pas déranger les animaux.

Martina: Depuis que nous vivons dans le minibus, donc depuis plus de trois ans, nous n’avons eu affaire à la police qu’une seule fois. C’était en Allemagne. Et l’affaire a été réglée après une courte discussion amicale. Je pense qu’il est tout simplement très important de nous comporter de manière prévenante et réfléchie. Lorsque nous arrivons quelque part et que nous voyons des déchets, je les ramasse rapidement. Grâce à ce genre de petites choses, on accepte généralement mieux notre mode de vie.

Comment choisissez-vous l’endroit où vous passez la nuit?
Dylan: Parfois, nous trouvons de beaux endroits par hasard. Parfois, nous conduisons jusqu’à un endroit précis, découvert grâce aux images satellites. Grâce à mon voyage autour du monde, j’ai développé mon flair.

Martina: Mon taux de réussite est un peu plus bas… (les deux rient)

Dylan: Oui. Dans presque 90 pour cent des cas, elle passe à côté.

Martina: N’importe quoi. Ce n’est pas à ce point!

Martina Zürcher im Van.
Photo © Dylan Wickrama

Martina Zürcher (39)

Martina vient d’Aarberg. Elle a étudié le journalisme et les sciences de la communication en Suisse et en Inde. Elle a ensuite travaillé pendant plusieurs années comme rédactrice en chef pour le magazine de voyage suisse, «Transhelvetica».

Dylan im Van, er giesst Kaffee in eine Tasse.
Photo © Dylan Wickrama

Dylan Wickrama (49)

Dylan a grandi au Sri Lanka. Jeune adulte, il a étudié en Angleterre. De là, il a trouvé son chemin et est arrivé en Suisse. Dans le canton de Glaris, il a ouvert son garage, qu’il a ensuite vendu en 2010. Avec cet argent, il a entrepris son tour du monde en moto, qui a duré trois ans et demi. D’ailleurs, Wickrama se traduit par «aventure».

Que faites-vous en cas de tensions?
Martina: Pour être honnête, cela n’arrive plus si souvent. Mais depuis que nous vivons dans le minibus, nous réglons ce genre de choses plus rapidement qu’avant et nous nous réconcilions plus vite. On ne peut pas s’éviter si facilement…

Dylan: Nous nous complétons bien, et pas seulement sur le plan professionnel. Martina aime cuisiner, je suis mécanicien automobile qualifié. Nous avons donc une répartition claire des tâches et chacun fait ce qu’il préfère ou ce qu’il sait faire le mieux: en cas de panne ou de travaux à effectuer dans le minibus, c’est mon travail. Martina s’occupe de la nourriture.

Dans le minibus, l’espace est limité. Quels objets sont les plus importants pour vous?
Martina: Je pense que ce sont nos ordinateurs portables. Nous en avons besoin pour travailler. Et mon mousseur à lait est très important pour moi. Avec, je peux faire un super Latte macchiato… (rires)

Dylan: Avant, nous battions le lait avec ma visseuse sans fil. Mais elle ne tournait pas assez vite.

Avez-vous encore un endroit d’entreposage quelque part? Où va votre courrier?
Martina: Il nous reste quelques affaires chez mes parents, mais nous ne savons plus du tout ce que c’est. Notre courrier va là aussi. Lorsque nous rendons visite à mes parents, nous dormons quand même dans notre minibus. Au départ, ils trouvaient ça comique. Mais depuis, ils se sont habitués…

Dylan: Mon parapente est aussi chez les parents de Martina. Bien sûr, il m’arrive de voir d’autres aviateurs dans le ciel et de souhaiter l’avoir avec moi. Mais bien sûr, ce genre de choses doit être planifiée à plus long terme que d’autres.

Recevez-vous souvent de la visite?
Dylan: Cela arrive plus souvent. Nous choisissons un bel endroit, envoyons les coordonnées GPS à nos amis et cuisinons pour eux. Puis, nous nous asseyons quelque part en forêt ou au bord d’un lac et nous leur disons: regardez comme notre jardin est beau. (rires)

Martina: Nous avons beaucoup d’amis dans toute l’Europe. Grâce à notre mode de vie, nous les voyons plus souvent qu’avant, parce que nous sommes toujours en mouvement. Nous voyons nos amis suisses probablement moins souvent qu’avant.

Qu’est-ce qui vous plait dans la vie en minibus?
Martina: La liberté, la spontanéité et la réduction à l’essentiel. Lorsque nous avons emménagé dans le van, nous avons vendu ou donné une grande partie de nos biens. Cela nous a tout de suite semblé très libérateur. Depuis, nous savons pourquoi: les biens matériels ne sont pas nécessaires pour être heureux.

Dylan: Bien sûr, nous avons moins de biens que d’autres. Mais nous n’avons pas l’impression de nous priver: nous avons un lit confortable, une cuisinière, un four, de l’électricité, de l’eau chaude et même une douche en plein air. Que faut-il de plus?

Justement, la douche. Qu’en est-il de l’intimité?
Dylan: Ce n’est pas un problème. Lorsque nous nous «installons» quelque part, nous rencontrons rarement d’autres personnes et nous avons la paix.

Martina: Ce qui est drôle, c’est qu’en Mongolie, le pays le moins peuplé du monde, nous avons parfois eu des problèmes d’intimité. Tu t’arrêtes quelque part et tu es sûre que c’est un endroit isolé. Puis tu commences à cuisiner. Et au bout de dix minutes, quelqu’un arrive avec son cheval et nous regarde.

Qu’avez-vous fait en Mongolie?
Martina: Nous avons voyagé avec notre minibus pendant six mois vers l’est. La Mongolie était notre destination. J’y suis allée pour la première fois en 2003 et j’ai pu voir de près la pauvreté, mais j’étais totalement fascinée par le pays et la population. Donc, après ce voyage, j’ai fondé avec trois amies un centre de jour à Oulan-Bator, la capitale. Il accueille 175 enfants âgés de 2 à 18 ans issus de milieux pauvres.

  • Autowerkstatt in Zentralasien, draussen.

    Atelier en Asie centrale.

    Photo © Dylan Wickrama
  • Eine Frau schaut aus dem Campervan, der Bus steht am Strassenrand, es geht eine Kuhherde an ihnen vorbei.
    Photo © Dylan Wickrama
  • Eine Frau umringt von Kindern in der Mongolei.

    En visite dans le centre pour enfants d’Oulan-Bator.

    Photo © Dylan Wickrama
  • Ein VW-Bus Campervan draussen bei Nacht, der Himmel ist voller Sterne.
    Photo © Dylan Wickrama

Où passez-vous la majorité de votre temps?
Dylan: L’année dernière, nous avons passé environ trois mois en Suisse. Le reste du temps, nous étions en voyage ou en déplacement en Europe pour des conférences. Cette année est différente: nous avons passé les six premiers mois en Suisse, car nous avons travaillé sur notre projet de film. Mais en principe, nous aimons rester en déplacement et avoir le plus de diversité possible dans notre vie.

En 2017, vous avez eu un accident de voiture. Que s’est-il passé?
Dylan: Nous étions en Allemagne, sur l’autoroute, en route pour une conférence. Un conducteur qui voulait se suicider a foncé à pleine vitesse en contresens dans la circulation et a notamment percuté notre minibus. Deux personnes sont décédées dans l’accident, alors que, ironiquement, ce conducteur est toujours en vie. C’était difficile.

Martina: Après l’accident, notre minibus, c’est-à-dire notre maison, était bon pour la casse. En très peu de temps, nous avons dû organiser un nouveau minibus. Dylan l’a ensuite aménagé pendant l’hiver, juste devant la maison de mes parents. En conclusion: nous avons eu une chance inouïe. Et nous faisons exactement ce qu’il faut en vivant nos rêves maintenant. La vie est trop courte pour être malheureux.

Le thème Vanlife est à la mode. Qu’en pensez-vous?
Martina: D’un côté, c’est bien que de nombreuses personnes se passionnent pour ce thème et prennent du plaisir dans la nature. D’un autre côté, si plus de gens poursuivent le même but, cela peut entraîner des problèmes. En tout cas, notre message n’est pas: «tu dois vivre dans un minibus pour être heureux.» Mais plus généralement: «fais ce qui te rend heureux!»

Quand pensez-vous emménager dans un logement fixe?
Martina: Aucune idée. Peut-être jamais! Pour nous, ce n’est pas un projet de voyage, mais bien une manière de vivre. Mais si à un moment donné, cela nous semble trop stupide, nous changerons, tout simplement.

Dylan: Si un jour nous ne pouvons plus nous sentir, je lui offrirai une remorque. (Les deux rient)

Martina: Si un jour j’en ai marre de tes remarques, ce sera vraiment une très bonne idée. Heureusement, nous en sommes loin…

  • #Vanlife

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