Randonnée en Valais: charmante randonnée d’automne sur l’Ochsenhorn

Herbstliche Berglandschaft mit einem See und beschneiten Berggipfel.
Iris
Photographe et auteur
© Photos

La vallée la plus encaissée de Suisse et le plus haut vignoble d’Europe – les superlatifs ne manquent pas pour décrire le Tärbinerberg, en Valais. La tranquillité que les adeptes de randonnée peuvent y trouver est d’autant plus surprenante.

Un tel bain de lumière dorée, voilà un spectacle auquel nous ne nous attendions pas. Le voile de nuages gris de l’après-midi avait laissé présager une soirée plutôt terne. Mais à l’ouest, une brèche est restée libre pour le soleil couchant, qui projette maintenant toute son ardeur sur le paysage, comme s’il était électrifié.

Le corps tout entier, chacune de ses cellules, absorbe la lumière dorée et rayonne lui-même de plus en plus. La sensation d’être seuls au monde sur ce sommet est tout aussi irréelle. Et ce, à seulement six kilomètres à vol d’oiseau de la ville de Viège, où la circulation est dense. Nous nettoyons les crottes de souris du tipi abandonné que nous avons eu la surprise de trouver là-haut. Sac de couchage et matelas trouvent leur place sur une estrade en bois.

Mais rembobinons la journée, qui a commencé au petit matin à Viège. Cela fait du bien de pouvoir partir directement de la gare, et pas seulement pour notre conscience et pour réduire notre empreinte carbone. Nous traversons les ruelles sans stress et en toute sérénité. En voiture, nous ne pourrions jamais vraiment saisir le charme de Viège. Au-dessus des bouillonnements de la Vispa, des flancs abrupts grimpent vers le ciel, les glaciers du Balfrin scintillent dans les hauteurs et donnent un premier aperçu de la vallée la plus profonde de Suisse. Alors que toutes les personnes qui aiment se montrer se ruent sur Zermatt et Saas-Fee au fond de la vallée, Dieter et moi préférons gravir le sommet d’une montagne au nom sans prétention, l’Ochsenhorn (2912 m). Tout seuls, mais entourés de sommets prestigieux.

  • Ein Tipp steht in den Bergen direkt neben einem Bergsee - rundherum herbstliche Farben der Wiesen.

    Le tipi au bord du Gibidumsee.

    Photo © Iris Kuerschner
  • Sonnenaufgang rosarot und davor ein kleiner Bergsee.

    Ambiance du soir au Gibidumsee

    Photo © Iris Kürschner
  • Wanderer steht zu oben auf dem Ochsenhorn Gipfel auf einem Stein.

    Vue spectaculaire sur le Blausee et le massif du Monte Leone.

    Photo © Iris Kürschner
  • Zwei Wanderer laufen auf einem Wanderweg im Wald aufwärts.

    Le Bodmeri est le bisse le plus récent de Visperterminen.

    Photo © Iris Kürschner
  • Herbstlicher Hintergrund und Nahaufnahme eines Holzstücks.

    Les encoches dans le tessel documentent les droits d’eau.

    Photo © Iris Kürschner
  • Aussicht in eine Berglandschaft im Wallis.

    Hüoterhüsi au-dessus de la vallée du Rhône.

    Photo © Iris Kürschne

Vers le royaume des cieux et au-delà

Bref instant de flânerie dans le décor médiéval de la colline de la vieille ville. Des panneaux apposés sur les façades indiquent les noms de la noblesse qui a logé dans les somptueuses maisons, l’histoire de la pierre bleue que l’on trouve sur le chemin, ainsi que celle de la Suste datant de 1352, haut lieu de transbordement de marchandises. Nous avons failli passer à côté de la fresque qui orne la Schuhmacherhaus, un ancien bar à vin. On peut y voir deux porteurs de raisins lourdement chargés de Gouais (Gwäss). Un premier indice de la présence de cet or liquide à Visperterminen. Car il faut traverser le plus haut vignoble d’Europe, qui jouxte la vieille ville. Le Gouais, ou Gwäss, qui porte le nom du plus ancien cépage connu, était le vin blanc de pays le plus répandu au 16e siècle. De même, de nombreux «Üsserschwiizer» n’ont jamais entendu parler d’autres cépages tels que le Lafetschna, l’Himbertscha, le Cornalin, le Resi, l’Eyholzer ou l’Humagne. Certains de ces cépages autochtones, que l’on ne trouve guère ailleurs, sont soigneusement cultivés dans le vignoble de Visperterminen.

Il s’étend des rives de la Vispa, à 650 mètres d’altitude, jusqu’à 1125 mètres. Un sentier viticole nous guide à travers les vignobles en terrasses escarpés, dont la parcelle la plus haute porte le nom évocateur de «Himmelreich», autrement dit le «royaume des cieux». Ça sent le sud. Des herbes sauvages poussent entre les vignes. Les figues et les kiwis, les lézards et les mantes religieuses semblent également apprécier la chaleur de ce versant ensoleillé. La plus grande surface cultivée est occupée par le cépage Heida – un terme enchanteur pour tous les amateurs et amatrices de vin, un cépage ancestral extrêmement rare, considéré comme la «perle des vins alpins». Il s’agit plus précisément du cépage Savagnin blanc (à ne pas confondre avec le Sauvignon), connu dans le Tyrol du Sud sous le nom de Traminer. Mais d’après les connaisseurs, rien n’arrive à la cheville de l’Heida. Le soleil ardent, qui accumule son énergie dans les murs de pierres sèches pendant la journée et libère sa chaleur la nuit, fait grimper le taux de sucre dans les grappes à des niveaux qui ont de quoi faire rêver.

Un panorama époustouflant sur les sommets de 4000 mètres et les yeux dans le bleu du ciel

Au départ de Visperterminen, nous coupons un tronçon de chemin boisé en prenant le télésiège, puis nous montons de la station supérieure de Giw à travers les derniers bosquets de mélèzes dans un panorama époustouflant. Le Fletschhorn (3985 m), le massif des Mischabels et le Weisshorn (4506 m) sont tout proches. Au nord, la crête des Alpes bernoises avec le Bietschhorn est en point de mire. On peut même apercevoir le glacier d’Aletsch.

La trace discrète d’un sentier montre à quel point les randonneurs se font rares sur l’arête. D’abord large crête, elle se rétrécit pour devenir une ossature rocheuse sur laquelle il faut de temps en temps mettre les mains. Sous les flancs sud-est de l’Ochsenhorn, un œil bleu scintille. Le Blausee est déjà dans l’ombre lorsque nous passons et descendons dans la vallée de la Nanz. Comme s’il avait été tracé à la règle, le bisse d’Heido dessine un ruban sur les côtés de la vallée. Du temps des païens, donc avant l’évangélisation, ce canal d’eau acheminait déjà à l’époque le précieux liquide du glacier de Gamsa, au pied du Fletschhorn, vers les vignes assoiffées. Le Valais a toujours connu de faibles précipitations, les hautes montagnes bloquant les nuages de pluie. Nos ancêtres ont donc dû faire preuve de créativité pour apprivoiser la gestion de l’eau. Le système était ingénieux, avec seulement une légère pente pour maintenir la force de l’eau à un niveau bas et dans les canaux. Et souvent à travers un terrain difficile. Certains tronçons de l’Heido ont dû être creusés dans la roche.

La marche du retour le long du bisse en direction du col de Gibidum et de Giw a des airs de méditation, bercée par le clapotis apaisant du ruisseau. Au Gibidumsee, nous tombons sur le tipi abandonné.

Les gardiens de l’eau

La première impression qui nous vient à l’esprit lorsque nous sortons de la tente le matin, ébahis devant un mur blanc, c’est que le Weisshorn jaillit directement du lac. L’air pur de l’automne donne une illusion de proximité. Heinz Stoffel aime lui aussi se promener ici. Ce «Tärbiner» (nom des habitants de Vispertermin) travaille à la Lonza, mais il est aussi guide de randonnée. Sans lui, nous n’aurions sans doute même pas remarqué le sentier secret qui traverse le Chrizerhorlini. Et nous ne serions pas non plus descendus à Äntschi par la Wyssi Flue.

Depuis cette clairière idyllique, on voit la vallée de la Nanz et on découvre deux bisses presque oubliés: le Niwa supérieur et le Niwa inférieur. «Il était très laborieux de les entretenir sur les flancs abrupts et on pouvait y laisser sa vie», raconte Heinz. Les intempéries, les avalanches et les coulées de boue détruisaient souvent des tronçons entiers. L’arrivée d’un tunnel a changé la donne. Sa construction à la fin du 19e siècle a constitué une entreprise monstrueuse. Il a été creusé dans la roche en grande partie à la main. Avec ses 2647 mètres de long, ses deux mètres de haut et ses 1,3 mètre de large, il a nécessité cinq fois plus de temps que prévu pour sa construction, qui devait durer quatre ans. Son inauguration en 1916 a permis d’assurer la continuité de l’irrigation des précieuses terres et prairies du Tärbinerberg. Des périodes de sécheresse sévères avaient auparavant contraint des communautés entières à émigrer, souvent vers l’Argentine ou les États-Unis. L’éclairage électrique est apparu avec le tunnel et la Lonza a acheté le droit d’utiliser l’eau pour produire de l’électricité en hiver et la nuit.

Nous marchons le long du Niwa jusqu’au Hüoterhüsi. Le chemin prend parfois des allures périlleuses, sous la forme d’une passerelle en bois posée en équilibre sur des parois rocheuses verticales. Cela donne une idée des dangers auxquels le gardien de l’eau était exposé. «On prenait de préférence des célibataires comme gardiens des bisses», explique Heinz, «car il y en avait toujours qui y laissaient leur peau». En tant que témoin clé de cette époque, la commune a fait remettre en état le Hüoterhüsi de l’année 1764, dans lequel plus aucun gardien de l’eau ne vit depuis longtemps. Aujourd’hui, cette tâche incombe au chef du centre de voirie Eligius Stoffel et à son équipe. À trois, ils arpentent les 13 bisses du village toutes les trois semaines. En automne, par exemple, les aiguilles des mélèzes peuvent obstruer les conduites d’eau. Heinz sort de son sac à dos des plaquettes de bois appelées «Wasserteseln». Autrefois, les droits et obligations complexes liés à l’eau étaient consignés non pas par écrit, mais par des gravures. «En raison de l’analphabétisme et parce que le papier n’existait pas encore», explique Heinz. Depuis longtemps, l’eau est gérée informatiquement pour savoir qui l’obtient et à quel moment sur sa parcelle.

Le mercure ne cesse de grimper

Peu après le mémorial culturel, nous arrivons sur le Bodmeri. Le plus récent des bisses du Tärbinerberg transporte l’eau de tunnel. L’eau coule encore en abondance, car les glaciers fondent. Mais la terre a soif. Autrefois, un pic de chaleur de 32 degrés faisait l’objet d’une note dans le journal Walliser Bote, explique Heinz. Mais aujourd’hui, c’est tout à fait normal, puisque des fortes chaleurs se font sentir dès le mois d’avril et durent jusqu’à l’automne. Le Bodmeri gargouille joyeusement et nous guide à travers une forêt enchantée vers le terrain libre. Au soleil, l’eau scintille comme de l’or liquide.

Accéder directement à la description de la randonnée Ochsenhorn.

Infos Ochsenhorn

Difficulté: T2, à partir de Giw T3, sentier de montagne balisé en continu, quelques passages délicats sur la crête sont facilités par des câbles métalliques et des marches en fer. 

Itinéraire: Viège (650 m) – Visperterminen (1378 m): 3h15, Télésiège - station supérieure de Giw (1959 m) – Ochsenhorn (2912 m): 3h30, Blausee (2573 m) – Heido- Suone – col de Gibidump (2201 m) – Gibidumsee (2195 m): 2h30, Chrizerhorlini (2225 m) – Gibidum (2317 m) – Wyssi Flue (1856 m) – Äntschi (1612 m) – Hüoterhüsi (1581 m): 2h45, Bodmeri – Visperterminen: 1h.

Point de départ: Gare de Viège. Raccourcis: car postal jusqu’à Visperterminen, télésiège jusqu’à Giw.

Restaurant et hébergement: À Visperterminen: Hôtel Gebidem, très bonne cuisine, délicieuses créations de cordons-bleus, tél. 027 948 11 11, www. gebidem.ch; Hôtel Rothorn, tél. 027 946 30 23, www.hotel-rothorn.ch

Conseil: Ne manquez pas de faire un tour à la fromagerie du village de Visperterminen. Le fromager Nikolaus Heinzmann est un personnage authentique qui vend de véritables délices pour les pique-niques. Par exemple de la raclette, des Mutschli au poivre, à l’ail ou au chili et le Heida-Wii-Chees. Ce dernier est frotté avec du Lie (eau-de-vie de levure de vin).

Carte: Swisstopo 1:50 000, feuille 274 T Visp.

Littérature: Oberwalliser Südtäler, Iris Kürschner, Rotpunktverlag, paru à l’été 2020.

Web: heidadorf.ch

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