Randonnée en raquettes à neige jusqu’aux Lobhörner

Dimanche, 10 heures, à Isenfluh: tout le monde se salue et trépigne d’impatience. La chienne Laya est aussi de la partie. Se balader avec un chien? Ce n’est pas forcément du goût de tout le monde. Mais la suite le prouvera, même Tamar s’y habituera. Nous prenons le téléphérique jusqu’à Sulwald et de là, nous commençons notre ascension en direction de la cabane à travers une forêt de sapins clairsemée et les rochers.

Nous avons l’impression d’être dans une forêt de contes de fées; un petit plateau dégagé avec vue sur l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau nous fait de l’œil: le Chüebodmi. Un vent froid souffle en cette belle journée d’hiver ensoleillée. Nous ne nous privons pas pour autant de faire un petit détour par Alp Suls. Après une heure et demie de marche, nous atteignons la cabane du Lobhorn (1954 m d’altitude).

Irene, la gardienne de la cabane, nous accueille avec une bonne tarte aux mûres. C’est elle et Talak, originaire du Népal, qui gèrent en couple cette chaleureuse cabane. Aujourd’hui, nous avons droit, à titre d’exception, à un menu spécial: des momos. Pas besoin de nous faire prier deux fois: alors que le vent siffle fort dehors, nous nous affairons dans la cuisine à la préparation de ces raviolis. Le tout agrémenté de super conversations et sous la direction de l’experte.

Après un souper bien mérité (les momos prennent beaucoup de temps à préparer), nous aidons à faire la vaisselle et terminons la journée par une partie de rami. Dehors, une tempête de neige de la force d’un ouragan fait rage.

Le programme du jour est un itinéraire dans la région des Lobhörner. Le réveil est prévu à six heures. Des bourrasques de neige et des chutes de neige nous attendent. Stéphane, le guide de montagne, passe en revue l’itinéraire et les passages clés avec nous pendant le petit-déjeuner.

Nous sommes prêts et, après avoir vérifié les DVA, nous nous mettons en route. Dès les premiers pas, les choses se compliquent pour Tamar! Souffrant de symptômes grippaux, elle est contrainte de faire demi-tour à contrecœur. Nous admirons sa capacité de discernement. C’est donc en formation réduite que nous nous dirigeons vers le premier passage clé: une pente raide menant au Schärihubel (2124 m d’altitude). Un peu plus loin, nous atteignons le Höji Sulegg (2413 m d’altitude) en veillant bien à garder une distance de sécurité. Quel panorama! Les lacs de Brienz et de Thoune à nos pieds, l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau en toile de fond. Mais ce n’est pas fini. Via la Sulegggrat (une randonnée sur une crête sûre, mais spectaculaire), nous marchons jusqu’au Nideri Sulegg. Le vent, la neige et le soleil se succèdent. À la pause de midi au Sulsseewli, les avis sont unanimes: la randonnée en raquettes à neige est un pur plaisir. Et les variations de la météo contribuent à créer des ambiances incroyables.

Nous passons la deuxième nuit sous la tente. Nous trouvons rapidement un spot approprié pour bivouaquer: un peu à l’abri du vent, avec une belle vue. Nous déterminons la profondeur de la neige à l’aide de la sonde, puis créons une surface plane avec les raquettes. Et très vite, la tente est montée.

Pour Isabelle, cette nuit hivernale sous la tente est une grande première. Mais que pourrait-il bien arriver avec des collègues expérimentés? Avoir trop froid? Pour cela, chacun a sa propre parade. Raja ne jure que par son coutil, Isabelle a emporté un sac de bivouac de secours, et pour ma part, je connais l’astuce de la gourde. Après avoir avalé une bolognaise en sachet, nous ne tardons pas à nous glisser dans nos sacs de couchage.

Au petit matin, nous admirons encore la vue sous le ciel étoilé, puis nous entamons tranquillement la descente. Nous voilà de retour à la civilisation.